Nous poursuivons notre série d’entretiens de grimpeurs/brosseurs avec quelqu’un dont le nom évoquera immanquablement la forêt, Fontainebleau, le Tour de Bleau: fameuse chronique du Grimper des années 90/2000 où il apparaissait en bonne place. Figure aussi discrète qu’incontournable de la scène locale, Olivier Lebreton fait partie de ces pionniers qui à l’heure actuelle encore ne cessent de repousser les marges du connu en ouvrant régulièrement de nouveaux passages extrêmes en forêt. Mais c’est aussi à la rencontre de lui-même qu’il part lorsqu’il s’aventure dans les bois, empruntant ces « chemins qui ne mènent nulle part » ignorés de la majorité comme il nous le dit ci-dessous. Au fil des questions se dessine alors le portrait d’un ouvreur réfléchi et responsable, un grimpeur inventif, passionné mais sans être monomaniaque, portant un regard lucide sur sa pratique et sur lui-même, celui d’un homme au bout du compte, avec qui nous avons pris particulièrement plaisir à échanger. Merci à lui d’avoir répondu à ces questions pas toujours orthodoxes.

photo: David Evrard

page vimeo d’Olivier

A répéter des blocs tu vis dans le passé, à t’imaginer réaliser d’autres blocs tu vis dans le futur. Le fait d’aller dénicher des lignes, de prendre du temps à créer t’ancre dans un moment de vie tout ce qu’il y a de plus réel : le présent.

Blocnote : Après avoir découvert l’escalade assez jeune avec tes parents, tu t’y es mis véritablement à l’adolescence, il y a près de 25 ans. L’escalade, et plus particulièrement le bloc, ne jouissaient pas à l’époque de la même visibilité qu’aujourd’hui ; quelles circonstances t’y ont poussé ? Es-tu passé par un club ? Avec qui as-tu débuté l’exploration de la forêt ?

Olivier : Si l’on parle de déclencheur, avec le recul, je pense que mon état de santé pendant la fin de l’adolescence à été primordial. En fin de seconde, on m’a diagnostiqué une maladie du dos ainsi qu’une cyphose et une lordose très prononcées. J’ai dû porter un plâtre du menton aux lombaires pendant 4 mois et un corset 24h/24h pendant 2 ans. Ce qui fait qu’à 17/18 ans, au moment de l’arrêt du traitement j’ai eu un besoin de liberté. Ce traitement étant très lourd tant physiquement que psychologiquement je me suis dis qu’à présent j’avais coché la case « vie sous contrainte » et il m’était alors compliqué d’en accepter d’autres. Je connaissais l’escalade car j’en avais déjà fait un peu à Bleau le week-end et l’été en falaise, et j’y suis retourné car je pouvais y faire du sport et me reconstruire un corps à mon rythme. Étant d’un naturel assez résilient je crois même que cet épisode m’a donné énormément de force et ma permis de vivre une vie plus libre. Je ne suis donc pas du tout passé par un club car ma démarche était vraiment personnelle et surtout, il n’y en avait pas. En fait, pour autant que je m’en souvienne, je m’étais fabriqué très rapidement une poutre en bois chez mes parents, puis un pan dans le grenier puis un deuxième dans le garage. Tout ça pour que pendant les vacances mon père puisse me déposer le matin à beauvais (petit spot de bloc) pour venir me chercher le soir. J’ai dû voir un grimpeur en un an! Il n’y avait personne et je me rappelle que mon but c’était de faire tous les blocs du spot. Je ne connaissais rien donc j’arrivais, je me mettais devant un 6a et j’essayais jusqu’à le faire. Comme ça jusqu’au 7b. Bien sûr sans échauffement, sans crash pad, sans parade. Le top quoi! Rapidement je suis venu avec une brosse métallique car je voyais qu’il y avait plein de rochers où il n’y avait pas de flèches. Je n’avais pas de contraintes ni dans les flèches, ni dans les méthodes employées ni dans le fait de suivre un circuit.

Aviez-vous à votre disposition des topos ?

Oui je me rappelle que j’avais le topo escalade en Essonne. Vu que j’étais seul dans mon délire et que les grimpeurs se faisaient rares, heureusement qu’il était là ! Après j’ai rencontré d’autres grimpeurs en STAPS et la transmission s’est mise progressivement à passer par Internet.

Personnellement j’ai longtemps pensé que les topos enlevaient plus qu’ils n’apportaient à notre activité. En retirant une part de hasard à l’exploration de la nature ils l’appauvrissaient. Aujourd’hui je vois les choses de manière plus nuancée. Une prise de distance avec le milieu, diverses expériences, l’âge peut-être, m’ont amené à revoir mon jugement et à m’y intéresser à nouveau, en tant qu’objets esthétiques, traces témoignant d’une pratique qui autrement resterait totalement ignorée, d’un travail perdu pour le futur. Quel est ton point de vue là-dessus ? Fais-tu part à quelque site internet de tes ouvertures et de leur localisation ?

C’est une question assez complexe car tout dépend de ce qu’on attend de l’escalade en général. On peut voir le topo comme une sorte de mode d’emploi pour vivre alors que finalement chacun doit inventer sa vie et le mode d’emploi qui va avec. Mais c’est facile de dire ça quand on a du recul sur une activité et un endroit. Le topo doit plutôt être considéré comme un moyen de transmission de la connaissance, un point de départ sur lequel s’appuyer. Mais il ne faut pas se laisser enfermer par le topo, car d’une part comme le dit bien Alfred Korzybski « une carte n’est pas le territoire qu’elle représente », et d’autre part on peut passer à côté de la réalité à vouloir à tout prix retrouver des cotations et un style que l’on connaît déjà. De mon côté je donne la localisation des nouveaux blocs que j’ouvre, sans faire de prosélytisme particulier afin d’éviter l’effet de supermarché de masse.

La référence à Korzybski est très pertinente, d’autant plus à l’heure actuelle où représentation et réel tendent à se superposer. Dans une des tes dernières vidéo, donnant à voir le processus de réalisation de Lazarus, 8B, on te voit à plusieurs reprises, bouteille d’eau à la main, effaçant les traces de magnésie que tes doigts ont laissées. Je sais que tu milites pour son utilisation parcimonieuse, un retour aux « petits » sacs à magnésie, aussi je comprends ton geste dans ce sens, mais je suis tenté par une autre lecture, révélant le besoin d’effacer toute trace de ton passage, un soin envers la nature, envers l’oeil lambda qui contemple le paysage. Suis-je dans le vrai ?

La vidéo de Lazarus parle donc de la renaissance d’un rocher après son ascension ainsi que, par extrapolation directe de cet acte, la renaissance d’un être humain qui se sauve de lui-même.

La démarche d’ouvrir un bloc n’est pas sans conséquence sur l’écosystème. Lorsque j’arrive devant un bloc que je projette d’ouvrir il est généralement recouvert de lichens et de mousses diverses, ses abords ne sont pas piétinés et pour les plus reculés, nous mettons nos mains là où seuls les insectes ont des habitudes. Brosser un lichen sur un rocher c’est en quelque sorte lui dire : « eh mec t’as pas le droit d’être là, laisse moi la place car c’est moi le plus fort ». Or ce qu’on constate c’est que les lichens et fougères sont là depuis bien plus longtemps que nous et qu’un arbre finalement, à mains nues, il nous défonce ! J’y vois un condensé de l’emprise de l’Homme sur la nature, quand bien même nous nous définissons en tant que grimpeur comme son défenseur. Nous ne sommes ni plus ni moins que des exploitants de rochers. Évidement en tant que brosseur régulier je vois les conséquences de mes actes alors que je ne suis pas du genre à « sécuriser » un nouveau secteur et y ouvrir chaque recoin de grès. Néanmoins les dégradations sont réelles et elles ne sont pas à minimiser même si les effets ne seront vraiment visibles que sur un temps long pour un être humain. La vidéo de Lazarus parle donc de la renaissance d’un rocher après son ascension ainsi que, par extrapolation directe de cet acte, la renaissance d’un être humain qui se sauve de lui-même.

Cette attitude n’est pas sans faire penser à celle des plus minimalistes et écologistes des artistes du Land Art, les anglais Hamish Fulton et Richard Long, témoignant parfois de leurs actes uniquement par quelques mots, quelques images, l’acte même de traverser un paysage constituant le geste artistique. Les quelques traces de toi qu’on trouve sur internet témoignent en faveur d’un goût pour la culture et d’une créativité certaine. Accepterais-tu, concernant ta pratique de l’ouverture, le qualificatif d’artiste ? Peux-tu nous en dire sur le processus de découverte/invention d’un bloc ?

Tout dépend de ce que l’on définit par art. Je suis attiré par ce qui est source de questionnement et de réflexion sur ce que nous sommes et comment nous nous définissons en tant qu’être humain. En ce qui concerne l’escalade je ne sais pas si ouvrir un bloc peut être considéré comme étant une pratique artistique en elle même. Je pense que c’est plus la démarche et la vision forcément décalée par rapport à une certaine norme sportive que l’on pourrait définir comme étant artistique. Cela relève d’un état d’esprit particulier et d’un mode de vie qui permet d’aboutir à créer des choses. Personnellement je me fixe un cadre de pratique plutôt bien défini : c’est la ligne et l’évidence de celle-ci qui doit m’interpeller et ce n’est pas à moi d’imposer au rocher ma vision. Ce n’est qu’à cette condition que je vois un intérêt à faire de l’escalade sur du rocher. Donc les « ça part d’où » et « j’ai le droit au bac qui est à portée de bras ? » ce n’est pas ce vers quoi je me dirige. Pour ce qui est du processus il n’y a pas grand chose de défini et ça dépend vraiment des circonstances. Cela peut commencer par une bonne bartasse et la trouvaille de nouveaux blocs, par des indications que l’on m’a donné ou par la vue d’une photo où je repère la possibilité d’une nouvelle ligne. Voilà pour le cadre général. Ensuite, il faut définir le passage le plus simplement possible : un départ logique (des prises tenables en départ debout ou assis, sans aide artificielle objective pour se surélever) et aller vers le haut de la manière la plus facile. Je m’autorise parfois à définir une direction d’ascension mais j’avoue avoir du mal à ouvrir des blocs trop soumis à conventions et mode d’emploi car je considère cela comme un appauvrissement de la pratique. Et enfin ce qui m’intéresse le plus, la résolution du problème dans le cadre donné. Pour moi c’est la quintessence de l’activité car tu fais de l’escalade pour faire de l’escalade et non pour gravir une cotation, puisqu’elle n’existe pas encore. Sachant que tout ce que tu entreprends va peut être déboucher au constat que finalement ce bloc est impossible. Ce jeu qui consiste à aller vers l’inconnu est depuis mes débuts ce qui m’attire le plus : il n’y a pas de méthodes, de cotations et donc de perturbation sociale qui peuvent éventuellement t’amener vers autre chose que grimper pour grimper. Après vient le nom du passage et sa cotation. J’ai toujours considéré ce moment comme quelque chose de spécial. Par moment c’est limpide, par moment ça te saoule et par moment tu n’as aucune idée et tu t’en fou un peu de ne pas en avoir car tu te sens au dessus de ça. Il y a des blocs que j’ai consciemment sous coté avec des noms bizarres pour que les gens ne viennent pas, des fois je fais plus d’effort pour les rendre socialement cool, mais le plus important c’est qu’ils sont là et qu’on peut y faire de l’escalade dessus.

Ce jeu qui consiste à aller vers l’inconnu est depuis mes débuts ce qui m’attire le plus : il n’y a pas de méthodes, de cotations et donc de perturbation sociale qui peuvent éventuellement t’amener vers autre chose que grimper pour grimper.

Pour toi, le passage préexiste-t-il à ta lecture ? A quel moment se fait le passage de la nature à la culture ? Lorsque qu’il y a la rencontre avec le bloc, lorsque tu as fini de le nettoyer ? Ou une fois gravi ?

Tout dépend de ce qu’on appelle ouvrir un bloc. Comme je l’ai déjà dis avant, ce que je recherche ce sont des lignes avant d’être des cotations. Dans tous les cas, ce qui rend un passage existant c’est la vision d’un être humain sur la nature puis le fait de gravir cette vision. Mais, même si la ligne semble évidente, elle ne l’est que parce qu’elle est définit et considérée comme telle par un groupe social. Prenons le cas d’un bloc X en forêt. En vrai il s’agit d’un beau 6b. Aujourd’hui avec un smartphone et un site Internet, il peut vite devenir un 7b : il suffit de le prendre en photo, d’y ajouter le trajet qu’on a choisi dessus et d’interdire ce qu’on veut interdire. Beaucoup de blocs sont ouverts ainsi et ont beaucoup de succès. Plus nous avançons dans le temps et plus le concept de réalité et de contact avec le réel est et sera mis de côté, ce qui est en partie dû au fait que l’escalade suit les évolutions de la société. Celle-ci se « technologise » à coup d’algorithmes sensés nous simplifier la vie mais en escalade de bloc je ne suis pas sûr qu’avoir 10 passages répertoriés sur le même bloc,définis par des traits sur une photo soit quelque chose de simple et vecteur de progrès pour l’activité. Donc dans l’absolu, un passage doit normalement préexister à la lecture. Mais forcement, et ceci en fonction du degré de lecture que l’on a, une ligne évidente pour un grimpeur ne l’est absolument pas pour un autre. Et pour l’éternité, un bloc à convention côté 8a mais valant 7c, aura toujours plus de succès qu’un bloc parfait valant 8a mais côté 7c+ !

Plus sérieusement, ta pratique semble se nourrir d’autres choses qu’uniquement d’escalade. Penses-tu que c’est ta pratique d’ouvreur qui t’a amené vers cette approche ou est-ce justement cette curiosité préexistante qui t’a amené à chercher puis ouvrir de nouveaux passages en forêt ? A quelles autres activités t’adonnes-tu ?

Clairement ma vie tourne autour de l’escalade mais j’ai toujours fait attention à ce qu’elle ne me définisse pas entièrement en tant que personne. J’ai une certaine distanciation avec l’activité qui me permet d’arrêter du jour au lendemain quand j’en éprouve le besoin. Pour ce qui est des raisons qui m’amènent à ouvrir des nouveaux passages, je crois qu’avant tout c’est pour avoir un pied dans le présent. A répéter des blocs tu vis dans le passé, à t’imaginer réaliser d’autres blocs tu vis dans le futur. Le fait d’aller dénicher des lignes, de prendre du temps à créer t’ancre dans un moment de vie tout ce qu’il y a de plus réel : le présent. Et donc étant bien présent quand je grimpe, cela me dispense de passer trop de temps à m’y préparer et donc d’être présent pour d’autres activités sportives et culturelles où je suis par contre beaucoup plus passif et receveur. Ayant connaissance de certaines oeuvres de Bukowski, Houellebecq, Schopenhauer, Cronenberg, PNL et bien d’autres, cela me permet de me dire : « ça va, c’est cool, je respire et je suis vivant ». C’est rassurant pour moi, beaucoup plus que n’importe quel homme politique ou organisation sociale sensée te protéger. Seul le côté intemporel de la culture et des idées devrait être important finalement. Côté sportif je pense que je pourrais faire beaucoup moins d’escalade et aller vivre à côté de l’océan pour faire du surf si j’en ai un jour l’occasion.

Clairement ma vie tourne autour de l’escalade mais j’ai toujours fait attention à ce qu’elle ne me définisse pas entièrement en tant que personne

Je rebondis là-dessus car j’ai moi aussi ce sentiment que l’océan pourrait remplacer le rocher si pour quelque raison je devais m’en éloigner, aussi opposés semblent ces deux milieux. Bien que l’un soit dynamique et l’autre statique, ils imposent tous deux à l’homme de s’adapter, ne serait-ce qu’aux conditions dans lesquelles il est possible de les fréquenter. Dans la pratique du brossage cette nécessité de se conformer à la réalité nue du rocher accentue ce lien étroit entre l’homme et son environnement. Les brosseurs sont-ils des grimpeurs comme les autres?

Quand il fait beau et qu’ils grimpent oui. Quand il pleut, qu’ils sont en forêt et qu’il ne sont pas systématiquement dans une salle d’escalade, non.

Depuis quand pratiques-tu l’ouverture ? L’as-tu toujours fait seul ?

J’ai eu mes premières brosses métalliques avant d’avoir le permis donc ça date. Et depuis j’en ai souvent une dans mon sac d’escalade. Je n’ai pas de norme pour ouvrir un bloc et la plupart du temps c’est un travail collectif. Pour les blocs les plus durs, ces derniers temps je suis souvent seul. Déjà le côté plaisant de la recherche individuelle de méthode m’attire, mais il y a aussi le fait que peu de personne sont réellement motivées pour essayer un bloc qui ne débouchera peut-être pas sur quelque chose. Et si tu rajoutes la vie de famille, les mini créneaux et la météo souvent capricieuse, dès fois tu perds tellement d’énergie à trouver du monde pour grimper que maintenant je vais à l’essentiel. Les personnes avec qui j’arpente le plus la forêt pour découvrir des choses sont David Evrard, Stephan Denys et Thomas Collignon.

Tu grimpes à un niveau qu’à l’heure actuelle encore peu atteignent, t’arrive-t-il de brosser des passages plus faciles ?

Beaucoup plus rarement car ce que je recherche en premier ce sont des blocs qui me poseront un réel problème. Dernièrement j’ai ouvert quelques beaux 7b+/c mais c’est vrai que ça me motive moins car j’y arrive rapidement. Disons que si je trouve un beau bloc qui semble être dans le 7, quasi systématiquement je le brosse…mais ce n’est pas ce que je recherche en premier.

Je crois que l’un des atouts du bloc est sa topographie étale, son étendue. La configuration linéaire de la falaise, perpendiculaire au plan du sol induit, souvent une certaine hiérarchie entre les secteurs, un grimpeur de 6a et un grimpeur de 8a pouvant difficilement faire cordée. Tandis qu’en bloc toutes les combinaisons, impaires comprises, fonctionnent, on va en couple en falaise. A quand remonte la dernière fois où, hormis pour nettoyer un bloc, tu as enfilé un baudrier ? L’effort ne te tente pas ? Pour quelles raisons fais-tu du bloc ?

Je mets souvent un baudrier ! Quand je fais de l’escalade en SAE, je fais souvent de la voie. J’adore la falaise et les grandes voies mais vu que j’habite en forêt de Fontainebleau ce n’est pas très pratique pour en faire régulièrement. Et pendant les vacances je fais souvent autre chose que de l’escalade car je n’ai pas envie de devenir fou. Donc le top pour moi c’est de faire un trip d’une dizaine de jours dans le Verdon histoire de prendre ma dose de gaz sur du beau rocher et dans un environnement calme. Pour ce qui est des raisons pour lesquelles je fais du bloc c’est assez complexe. Ce qui est invariable c’est l’activité en elle même qui me comble à tout point de vue. J’aime le côté simple de cette activité : peu de matériel, tu grimpes, tu arrives en haut. En falaise, il faut des spits, un baudrier, une corde etc….et la plupart du temps les voies s’arrêtent au milieu de nulle part. C’est cool sportivement parlant, j’adore l’effort, mais j’ai l’impression que c’est trop humain et soumis à la technique pour réellement m’intéresser sur du long terme. Ma manière de pratiquer le bloc a fortement évoluée au fil du temps. Je suis passé d’une découverte solitaire de l’activité à une pratique très festive, en groupe. Et depuis quelques années je reviens à une pratique beaucoup plus minimaliste et assez solitaire. Et j’avoue que plus le temps avance et plus j’adore me retrouver seul, dans le silence, coupé du monde pour quelques heures. Et ça, seul le bloc en forêt dans un coin perdu peut te le permettre.

Acteur majeur de la forêt depuis des années , prends-tu le temps de voyager, de découvrir des lignes ouvertes ailleurs? Voire d’ouvrir ailleurs qu’en forêt de Fontainebleau?

Très rarement depuis que j’ai des enfants. Néanmoins cet été nous allons faire un tour à Rocklands. Donc je suis bien content de pouvoir grimper sur des blocs où j’aurai juste à suivre ce que les précédents auront fait ! Sinon le seul bloc marquant que j’ai pu ouvrir en dehors de Bleau, c’est 21 grammes à Targassonne : un super souvenir et une belle semaine passée là bas du temps où je pouvais faire la fête le soir et me réveiller en étant plus fort le lendemain…