A l’image de ceux de la Pierre de Laitre ou de la Pierre d’appel, les blocs localisés sur le lieu-dit la Fontaine Guéry ont fait l’objet d’un premier examen dès le milieu des années 90. Bien connu des spinaliens et accessoirement des cueilleurs de champignons et de myrtilles, ce vallon verdoyant à tout juste quelques pas du centre-ville ne manqua pas d’attirer l’attention de quelques locaux que la Carrière Collot et l’escalade conventionnelle commençaient à ennuyer. Monument historique, un 7a+ exigeant, témoigne de cette époque d’avant les crash-pads, où la pratique du bloc était encore relativement marginalisée.
Après quoi le site fut rendu à l’abandon, la forêt aux cueilleurs, promeneurs et autres vttistes. Il faudra alors attendre 2015, et la foi de Stev en Vitry en la viabilité d’une ré-ouverture du site, pour que se mette en place une dynamique de nettoyage exhaustive des différents blocs du secteur. Avec le concours des membres des Enfants du Roc, le soutien de la ville d’Epinal et de quelques électrons libres le lieu redevint vite praticable, des lignes ressuscitant du passé parmi une majorité de nouvelles.
Aujourd’hui on en dénombre pas moins d’une cinquantaine. Sur un premier secteur constitué de blocs éparpillés en surplomb de la dite Fontaine ont été ouverts une vingtaine de passages dans un esprit d’initiation à la pratique en extérieur. Tandis qu’en face, répartis sur un ensemble de barres plutôt surplombantes, se trouvent des problèmes plus exigeants qui, espérons-le, satisferont les plus expérimentés par leur complexité et la qualité de leur gestuelle.
Une première barre (bloc E) propose un suite de lignes du 5c au 7b+ dans un style à dominante athlétique. Viennent ensuite deux autres barres (blocs C et A) présentant un profil similaire, une sorte de ventre plus ou moins proéminent imposant le recours à un répertoire technique allant du crochetage de talon à la pose de la paume, en passant par la tenue de plats et le jeu de jambes. Au milieu de ces barres trône un bloc singulier (bloc B), comptant à lui seul plusieurs des plus beaux passages du secteur. Sur la face positive de cet imposant menhir courre Fauve, une ligne en 6a consistant en un rétablissement sur des trous fuyants. Tout de suite à côté on trouve le Monument historique déjà mentionné et, derrière, un passage qui comme ce dernier avait plus de quinze ans d’existence sur le papier lorsqu’il fut libéré au printemps 2017 après plus d’une saison de tentatives, une prise cassée, beaucoup de réflexions : Les Vieux papiers, neufs mouvements soutenus dans un dévers tronqué qui voisineraient avec le 8a et s’imposent parmi les chefs-d’œuvre de nos forêts.
Mais avec la naissance de ces blocs, c’est aussi un lieu qui a changé, passant, suite à une coupe motivée par Steven, d’un fonds de vallée sombre et humide à un espace dégagé, plus lumineux, particulièrement agréable l’été venu, que ce soit pour grimper ou s’y retrouver après le travail.
Tandis qu’à l’inter-saison quelques jours d’ensoleillement suffiront pour que le rocher sèche, offrant alors les meilleures conditions d’adhérence, l’hiver signe l’arrêt de la pratique jusqu’au prochain printemps.